Archives de catégorie : Carnets Ludographiques

JETER LES DÉS NE ME SUFFIT PLUS
ou « Pourquoi le gameplay est important »

Il est difficile de parler de gameplay en JdR.
Pour les francophones, le terme est déjà assez vague en lui-même, puisqu’il renvoie principalement au jeu vidéo : ainsi on le confond souvent avec la « jouabilité » (dont il est un faux-ami) et on perçoit rarement tout ce qu’il recouvre dans les jeux de cartes, de plateau et de narration.
Mais, surtout, comme la plupart des principes véritablement ‘rôlistes’, le gameplay des JdR se situe au point de rencontre du jeu et de la narration, des joueurs et des rôles : entre le tangible et l’intangible. Ainsi tacheté des deux couleurs du JdR, dissimulé parmi un tas d’autres concepts et lié à la plupart d’entre eux (genre fictionnel et genre ludique, système et mécanique de jeu, règles écrites et non-écrites, univers fictif, narration et scénario, personnages, fonctions du MJ, pouvoirs des joueurs et agentivité, challenges ludiques, supports de jeu…), le gameplay rôliste est un animal bien difficile à distinguer.

Ce n’est pourtant pas (seulement) par goût de la branlette intellectuelle que je m’en préoccupe ici. La transversalité même du concept donne une idée de son importance : si un machin touche à autant d’aspects du JdR, alors il ne peut pas être anodin. Et il ne l’est plus du tout dès qu’on résume la notion de gameplay en une question fondamentale :
à quoi on joue, et comment ?
Car cette question est au cœur de tous les jeux, et c’est la première à se poser pour savoir ce qu’on est vraiment en train de foutre. Lorsqu’on considère les jeux vidéo, ce n’est pas un hasard si les critiques, les analyses et les réflexions théoriques accordent autant d’importance au gameplay, ni s’il est le sujet de la moitié des vidéos promouvant les nouveaux jeux : c’est parce qu’au-delà des univers virtuels, des jolies zimages et des bribes d’histoires dont nous abreuvent les bandes-annonces et les teasers, au-delà des plate-formes, des avancées technologiques et des questions de business, quand on nous parle d’un jeu à paraître, la question qui nous intéresse vraiment est  » comment ça se joue ? « .
Il me semble alors très étrange qu’on se la pose si peu en JdR.

Si j’aborde cette question par écrit, après l’avoir mentionnée dans différents podcasts (les Carnets Ludographiques #2 les Intentions Ludiques, #3 le Développement Ludique, #16 l’Enquête et plus particulièrement le Radio Roliste #53), c’est d’abord pour mettre mes propres idées à plat, évidemment. Mais aussi dans l’espoir que cette série d’articles puisse être plus facilement reprise ailleurs, critiquée et discutée, parce que l’écrit est de ce point de vue bien plus maniable que si mes réflexions sur le gameplay étaient restées morcelées dans plein de mp3.
Je tente ma chance contre cet animal conceptuel, si vous voulez : d’autres décideront ensuite si je l’ai capturé ou seulement entrevu…
Mais j’y vais pas à poils, non plus : je m’arme justement d’un paquet de concepts et de réflexions produites par tout plein d’auteurs, qui seront brièvement expliqués au fil des articles suivant. Quand bien-même je reviendrai bredouille de ma longue chasse au gameplay, ces articles seraient au moins une compilation de concepts utiles. (Mon sous-titre fait d’ailleurs référence au « System does matter. » de Ron Edwards et, à mes yeux, si les systèmes importent, c’est largement pour le gameplay qu’on peut en tirer.)
Notez que je vais régulièrement employer des concepts issus du jeu vidéo pour une raison très simple : dans le domaine de la recherche ludique, l’industrie qui brasse le plus de pognon est encore celle dont les théories avancent le plus vite…

Ceci n’était que l’introduction (tatatiiiin), voici la série d’articles :
1] Définir le gameplay
2] Paramètres de gameplay & jouabilité

3] L’agentivité & le système-monde

4] Au hasard des jeux

5] Où se cache le gameplay du JdR ?

► 6] Le gameplay du roleplay
(à paraître)

Note : à travers l’ensemble de ces articles, je dirais « la Meneuse de Jeu » et « les joueurs ». Si ça vous défrise pour une raison ou une autre, il vous suffira d’avoir deux chromosomes X pour que je tienne compte de vos protestations.

Les Carnets Ludographiques #16 : L’Enquête – 3/3

La troisième et dernière partie de ce gros podcast, qui traite finalement…

  • les problèmes récurrents des scénarios d’enquêtes, de l’inadéquation des PJ ou des joueurs aux questions de rythme et de compréhension,
  • les manières de simplifier et ajuster les scénarios en cours de jeu,
  • la méthode de l’investigation et son application en jeu,
  • comment apprendre à enquêter,
  • la logique interne des histoires d’enquête, les questions de cohérence mais aussi de perception des univers fictifs (même lorsqu’ils se veulent réalistes)…
  • de multiples variantes du jeu d’enquête : les intrigues & manigances, jouer des criminels-enquêteurs (intrusion, surveillance, assassinat…),
  • le cas particulier des enquêtes magiques (ou super-technologiques),
  • quelques jeux publiés et les différentes manières dont ils abordent le gameplay d’enquête…

Notre numéro d’avril abordera -avec Le Grümph- le découpage de scénarios et la question subséquente des choix des joueurs : d’ici là, n’hésitez à nous poser vos questions (sur l’enquête ou le découpage) dans les commentaires !

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Les Carnets Ludographiques #16 : L’Enquête – 2/3

Cette deuxième partie aborde notamment…

  • une méthodologie d’écriture des scénarios d’enquête (et un petit rappel de la notion d’intentions narratives),
  • les différentes structures de ces scénarios : linéaire, arborescente, ouvertes et, mon chouchou, la structure  »en toile », illustrée ci-dessous…
  • l’inconvénient des jets aléatoires et la nécessaire gestion des indices, de leur conception à leur distribution en passant par leur développement en niveaux superposés,
  • l’exploitation des indices, de leur détection aux déductions qu’ils permettent, et les différentes manières de les décrire et mettre en scène,
  • l’épineuse question des fausses pistes,
  • les dangers de l’empilement de complexités

Schéma-Enquête-Toile-02Dans ce schéma en toile, les PJ abordent l’enquête par l’extérieur (cercle blanc) et se déplace le long de cercles concentriques croisant les différents thèmes de l’intrigue. Pour progresser vers la « vérité » (quelle qu’elle soit), ils doivent résoudre des challenges à la difficulté grandissante (du gentil jaune au redoutable rouge) afin d’obtenir les indices numérotés qui pointent vers le cercle suivant…
Bien sûr, certains challenges et indices sont à la frontières de plusieurs thèmes, alors que le nombre d’épreuves (et d’accès possibles) se réduit au fur et à mesure qu’on progresse dans la compréhension des événements…

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Les Carnets Ludographiques #16 : L’Enquête – 1/3

Et on reprend enfin notre rythme de publication normal avec ce très gros Carnet en trois parties, où Kobal et moi-même nous penchons longuement sur le jeu d’enquête : comment ça se conçoit, se joue et se met en scène, quels mécanismes mettent la notion en valeur, etc.
Cette première partie traite en particulier de…

  • la différence entre les scénarios linéaires hâtivement rhabillé en investigations,  la simulation d’histoires policières et le « véritable » jeu d’enquête,
  • la jouabilité des enquêtes, la valeur du challenge et donc le poids des échecs, mais aussi les exigences (variables) de technicité
  • les différents contextes d’investigations et les différents rapports à l’information qu’ils impliquent,
  • les diverses thématiques propres au jeu d’enquête, et tout particulièrement la notion d’exploration sociale
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Les Carnets Ludographiques #15 – l’Art d’être Joueur : les propositions créatives

Et voici un nouveau Carnet sur « l’Art d’être Joueur », concernant cette fois la manière de formuler, discuter et négocier les apports multiples autour d’une table de jeu. Julien et Sébastien discutent entre autres…

  •  les nécessaires précisions de vocabulaire rôliste pour s’accorder au moins temporairement sur ce dont on discute,
  • quelques-uns des freins récurrents à la créativité (les questions de fond, genre et formes, la juste place de l’ego…),
  • les aspects spécifiques de la création improvisée,
  • la dichotomie entre les désirs du personnage et le destin que le joueur veut lui donner,
  • proposer et répondre sans s’arrêter de jouer et
  • la question du méta-langage rôliste (sous-titres, sur-titres, intertextualité)…

Vous trouverez sur leur blog respectif l’article de Vivien Féasson et la série d’Eugénie cités durant le podcast.

Bonne écoute !

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Les Carnets Ludographiques #14 – l’Art d’être Joueur : démarrer les parties

Ce Carnet Ludographique -qui continue nos réflexions sur « l’Art d’être Joueur »- a été conçu et enregistré avec Julien-de-chez-Smith-en-face (les Voix d’Altaride ont d’ailleurs publié un très intéressant podcast sur « Peut-on tout jouer en JdR ? » enregistré avec les compères Coralie David et Jérôme Larré).
On s’y préoccupe cette fois de la nécessaire « mise en jambes » de début de partie à travers des notions comme…

  • le vocabulaire rôliste, dont la narration « encore plus partagée que d’habitude »,
  • les droits (et les devoirs subséquents) des joueurs,
  • l’état d’esprit nécessaire à nos explorations imaginaires, qui démarre lors de la création de perso,
  • la mise en condition, les habitudes et les rituels de début de partie,
  • l’échauffement, la mobilisation des cerveaux et la montée en régime de la créativité,
  • s’approprier l’exposition pour mettre en scène et approfondir les PJ,
  • les joueurs comme co-scénaristes des parties, participant à créer de l’histoire et du jeu à travers leurs personnages…

Et on en profite pour vous signaler l’article d’Eugénie sur le même sujet, qu’on remercie au passage d’avoir participé à la préparation de ce numéro.
La suite, donc le CL#15 à paraître début janvier si on a survécu à la Saint Sylvestre, prolongera le sujet à travers la communication créative en cours de partie : comme toujours, n’hésitez pas à nous poser toutes les questions que vous voudrez dans les commentaires…

Et demain on publie l’interview de Thomas Munier enregistrée aux Utopiales : on est au taquet ! 🙂

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Les Carnets Ludographiques #13 : la Mise en Scène Audiovisuelle, 3ème partie

La dernière dernière tranche de notre #13 sur la mise en scène inspirée de l’audiovisuel s’intéresse plus particulièrement à ce que les séries-télé peuvent nous enseigner :

  • instaurer la familiarité,
  • manifester les thématiques par les décors récurrents et…
  • incarner les problématiques par les personnages récurrents,
  • la notion de stock-shots,
  • réussir ses introductions,
  • préparer l’épisode-pilote d’une campagne.

Dans le numéro de novembre (car nous tâchons de devenir mensuels), nous reviendrons sur l’Art d’être Joueur, n’hésitez donc pas à nous poser plein de questions sur ce sujet !

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Les Carnets Ludographiques #13 : la Mise en Scène Audiovisuelle, 2ème partie

Dans cette deuxième partie, on aborde enfin la mise en scène inspirée de l’audiovisuel proprement dite et plus particulièrement :

  • la notion de « réalisation » et donc la performance « live » du MJ,
  • la métaphore du théâtre de marionnettes (si, si),
  • la représentation du temps -de l’ellipse à la simultanéité en passant par le flash-back et le flash-forward, l’accélération et le ralenti…
  • tout ça aboutissant à la notion de montage en JdR, tout particulièrement le montage alterné et la narration non-chronologique.
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Les Carnets Ludographiques #13 : la Mise en Scène Audiovisuelle, 1ère partie

Et voilà un gros podcast bien juteux pour aborder un paquet de sujets relatifs à la mise en scène et même tâcher d’en développer quelques-uns. Pour faciliter la digestion, nous l’avons néanmoins découpé en trois ranches, dont voici la première…

Après un bref rappel des notions abordés dans le Carnet #12, nous avons passé près d’une heure à répondre aux nombreuses questions de nos auditeurs :

  • à quel point préparer sa mise en scène ?
  • comment bien employer la musique ?
  • comment mettre en scène une foule ?
  • comment transmettre l’émerveillement ?
  • comment gérer la tension sur l’ensemble d’un scénario ?
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Les Carnets Ludographiques #12 – Les bases de la mise en scène

Dans la première partie de notre diptyque sur la mise en scène, Michael et Sébastien passent en revue les notions de bases  :

  • une définition, qui finit en métaphore : « la fenêtre narrative magique » (si, si),
  • les choix (conscient ou non) qui fonde une création,
  • montrer quoi, dans quel ordre et avec quelle insistance pour…
  • réfléchir à la signification de sa mise en scène, à l’intérieur de l’histoire, pour le public-joueur ET « entre les deux »,
  • le processus fondamental de masquer et démasquer, notamment pour créer la tension narrative,
  • le découpage du temps (de narration / de jeu / du MJ / des joueurs…), et donc notamment les structures en 2, 3 et 4 actes,
  • la focalisation, c’est à dire les différents « points de vue » par lesquels on perçoit l’histoire t donc…
  • le cadrage , soit la composition de ce qu’on voit par notre fenêtre narrative : quelle quantité de décor vu par quel angle, quelle importance donnée aux personnages, s’éloigner ou zoomer etc.,
  • les transitions entre les scènes, les actions, les cadrages… et leur influence sur le rythme.

Dans le prochain carnet, on se penchera donc sur des « effets audiovisuels » dont peut s’inspirer le JdR… et on répondra aux questions d’auditeurs sur la mise en scène en général. N’hésitez donc pas à nous en poser plein.

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